Reinheitsgebot : une loi sur la pureté de la bière à double tranchant

Le Reinheitsgebot est avant tout super compliqué à prononcer pour un français n’ayant pas fait le choix de l’allemand au collège. C’est un décret germanique datant de 1516 sur la pureté de la bière. Il précise les ingrédients autorisés dans le brassage d’une bière en Allemagne.

La loi initiale édictée par Guillaume IV de Bavière autorisait uniquement l’orge, le houblon et l’eau. A noter qu’au 16ème siècle la levure n’était pas connue et par conséquent ne pouvait faire partie des ingrédients autorisés. Les brasseries allemandes continuent massivement d’en suivre les règles qui ont été aménagées avec le temps : possibilité d’utiliser d’autres céréales comme le blé, d’ajouter des épices (laurier, coriandre), d’utiliser la levure dans les ingrédients autorisés.

Ce décret est aujourd’hui ambivalent : d’un côté il protège le marché intérieur allemand en imposant un standard restrictif à l’importation et fait en dehors des frontières la réputation des bières allemandes. D’un autre côté il bride la créativité des brasseries d’outre Rhin à l’heure où les microbrasseries innovantes cassent les codes et séduisent les consommateurs. Les brasseries allemandes sont coincées entre tradition et nécessité de faire évoluer les règles pour contenir une concurrence qui a le vent en poupe sous peine de perdre des parts de marché.

Le nombre de microbrasseries explose partout dans le monde. Voici l’évolution constatée en France ces dernières années. En 2020, on dénombre même environ 2000 microbrasseries dans l’hexagone ce qui représente une création d’entreprise tous les 2 jours sur les 5 dernières années tandis que le nombre de brasserie traditionnelle stagne :

Il y a fort à parier que la loi de pureté de la bière en Allemagne continuera de s’assouplir pour permettre aux brasseries allemandes de faire face à la concurrence, en particulier à l’exportation.

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